- Recherche,
BESSENAY Roland
Etude de la diffusion du Building Information modeling (BIM) dans une entreprise française de construction
Publié le 13 juillet 2022 – Mis à jour le 29 novembre 2022
Thèse en Sciences de Gestion, soutenue le 05 avril 2022.
Tandis que la digitalisation du travail est décrite par les milieux stratégiques et managériaux comme une transformation nécessaire et souhaitable, elle rencontre simultanément une résistance parmi certains professionnels. La littérature gestionnaire interprète généralement cette rupture soit à l’échelle « macro », en étudiant comment les usagers résistent à certaines pressions appliquées à l’ensemble d’une organisation ou d’un secteur, soit à l’échelle « micro », en décrivant des processus locaux de contournement des outils digitaux par les usagers. La présente thèse propose de réunir ces deux échelles en mobilisant une approche « multiniveau », consistant à étudier comment la digitalisation se diffuse à différents niveaux afin de transformer la façon dont les professionnels se représentent leur propre activité. Pour comprendre à la fois le rôle spécifique de chacun des niveaux dans cette diffusion ainsi que leurs influences réciproques, nous mobilisons le modèle structural des conventions, et définissons la digitalisation comme une convention d’effort, c’est-à-dire comme une remise en cause de l’effort que les usagers-professionnels appliquent dans leur travail. En étudiant un cas d’adoption du Building Information Modeling (BIM), une base de données modélisable et partagée promue au sein d’une entreprise française de construction, nous montrons comment le niveau institutionnel, composé d’éditeurs de logiciel et de consultants, légitime l’usage du BIM dans l’effort quotidien des professionnels ; comment le niveau organisationnel, composé des cadres digitaux de l’entreprise étudiée, prescrit son mode d’usage, et comment les deux niveaux professionnels, composés des concepteurs de plan en bureau d’étude et des exécutants de bâtiment sur chantier, réalisent (ou non) ce nouvel effort. En outre, nous montrons comment chaque niveau est influencé dans sa diffusion par ses interactions avec les autres niveaux, et parvenons à expliquer grâce à ce phénomène pourquoi les concepteurs acceptent le BIM, et pourquoi les exécutants le refusent. D’un point de vue théorique, ces résultats nous permettent de lire par le même cadre heuristique les interactions intra et inter niveaux, ainsi que d’interpréter leurs effets sur les représentations des professionnels. Ils reconsidèrent également le phénomène de digitalisation, en voyant celui-ci non pas uniquement comme un moyen rationnel de « désiloter » l’entreprise, mais aussi comme une multitude de médiations construites par le mimétisme non-intentionnel de ses acteurs. D’un point de vue managérial, cette recherche énonce diverses recommandations stratégiques à travers une typologie des modes de digitalisation, et enjoint les organisations à interagir avec leurs professionnels en développant des espaces de discussion sur les transformations du travail.
Mots-clés : digitalisation, travail, BIM, multiniveau, représentation, convention d’effort, modèle structural des conventions
While the digitization of work is described by strategic and managerial circles as a necessary and desirable transformation, it also meets resistance among certain professionals actors. Management literature generally interprets this rupture either on a "macro" scale, by studying how users resist to some pressures applied across an organization or a sector, either on a "micro" scale, by describing local processes of circumvention of digital tools by users. This thesis proposes to combine these two scales by mobilizing a "multilevel" approach, consisting in studying how digitalization spreads at different levels in order to transform the way professionals represent their own activity. To understand both the specific role of each level in this diffusion as well as their mutual influences, we mobilize the structural model of conventions, and define digitalization as an effort convention, i.e. as a reconsideration of the effort that user-professionals apply in their work. By studying a case of adoption of Building Information Modeling (BIM), a shared modelling database promoted within a French construction company, we show how the institutional level, composed of software editors and consultants, legitimizes the use of BIM in the daily effort of professionals; how the organizational level, composed of the digital executives of the studied company, prescribes its usage mode, and how the two professional levels, composed of the plan designers in the design office and the building executors on the building site, realize (or not) this new effort. Moreover, we show how each level is influenced by its interactions with the other levels, and we manage to explain through this phenomenon why designers accept BIM, and why executors refuse it. From a theoretical perspective, these results allow us to read intra and inter level interactions through the same heuristic framework, as well as to interpret their effects on the professionals' representations. They also reconsider the phenomenon of digitalization, by seeing it not only as a rational way to integrate the company, but also as a multiplicity of mediations constructed by the unintentional mimetism of its actors. From a managerial standpoint, this research provides various strategic recommendations through a typology of digitization modes, and urges organizations to interact with their professionals by developing discussion spaces on work transformations.
Keywords : digitalization, work, BIM, multilevel, representation, effort convention, structural model of conventions
Directeur(trice) de thèse : Véronique ZARDET
Membres du jury :
- Mme Véronique ZARDET, Directrice de thèse, Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
- M. Olivier BABEAU, Professeur des universités, Université de Bordeaux,
- Mme Anne MIONE, Professeure des universités, Université de Montpellier,
- M. Laurent CAPPELLETTI, Professeur des universités, Conservatoire national des arts et métiers, Paris,
- M. Manuel GARCIA, Maître de conférences, Université jean Monnet Saint Etienne,
- M. Laurent PAYSAC, Gérant SLB Médical, Genas.
Président(e) du jury : Laurent CAPPELLETTI
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Mise à jour : 29 novembre 2022