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Publication | De la gouvernance actionnariale à la gouvernance éthique et stratégique
Dans un article publié dans Cahiers Français (sept.-oct. 2025), Fabrice Roth analyse la transformation profonde de la gouvernance d’entreprise en trois décennies.
D’abord conçue comme un dispositif d’alignement actionnarial dans les années 1990, centrée sur le contrôle des dirigeants et la discipline financière, la gouvernance s’est ouverte au tournant des années 2000 aux parties prenantes et à la responsabilité sociétale, consacrée en France par la loi PACTE et l’émergence des « entreprises à mission ».
Les années 2010 ont vu son intégration dans le triptyque ESG, avec la généralisation des notations extra-financières, des rapports intégrés et des standards européens (CSRD). Mais les divergences de méthodologies et de cultures régionales (logique de risque aux États-Unis, logique d’impact en Europe du Nord, approche plus normative en Europe du Sud) ont nourri des débats sur la comparabilité et la pertinence des scores.
Aujourd’hui, les crises successives — sanitaires, géopolitiques, climatiques — font émerger une nouvelle étape : la gouvernance devient un espace stratégique et politique.
Les conseils d’administration arbitrent entre souveraineté économique, relocalisations industrielles, cohésion sociale interne et exigences éthiques. L’entreprise s’impose ainsi comme un acteur à part entière de la régulation mondiale, au croisement de la finance, de l’économie et de la société.
Cette « gouvernance éthique et stratégique » ne renie pas ses fondements financiers, mais les dépasse. Elle traduit l’entrée des conseils d’administration dans une nouvelle grammaire du pouvoir économique, où résilience, transparence et responsabilité sont devenues des impératifs majeurs.
► Les cahiers Français - Septembre-octobre 2025