Le garant de l’habilitation était le Professeur Pascal Grandin de l’Université de Lille. Le jury était composé de la Professeure Karima Bouaiss (Université de Lille), du Professeur Jean-François Gajewski (Université Jean Moulin Lyon 3), de la Professeure Edith Ginglinger (Université Paris Dauphine-PSL), du Professeur Radu Burlacu (Université Grenoble-Alpes) et du Professeur Peter Wirtz (emlyon business school).
 

"Défis et perspectives : la rémunération des dirigeants sous l’angle de l’approche partenariale"

Les recherches de Mohamed Khenissi s’intéressent aux politiques de rémunération des dirigeants et à leur encadrement par les mécanismes de gouvernance d’entreprise. À travers une approche partenariale, il analyse comment différents acteurs – actionnaires, administrateurs, médias, régulateurs – influencent ces politiques afin d’assurer une meilleure transparence et un alignement avec les intérêts des parties prenantes.

La note de synthèse met en avant deux axes de recherche :
 

1. Politique de rémunération des dirigeants : un processus complexe et dynamique

La rémunération des dirigeants reste un sujet sensible en raison de son décalage avec la performance des entreprises. Malgré les mécanismes de gouvernance actionnariale, les administrateurs indépendants et les comités de rémunération n’exercent pas toujours un contrôle efficace, validant parfois des salaires élevés sans lien clair avec les résultats financiers. Le processus de fixation des rémunérations ne se limite pas aux décisions du conseil d’administration ; il est influencé par le pouvoir du dirigeant, son réseau relationnel et certains biais comportementaux comme la soumission à l’autorité et le narcissisme.

L’étude du cas Vinci illustre comment un PDG peut façonner sa propre rémunération en affaiblissant les contre-pouvoirs internes. Face à ces limites, l’intervention d’acteurs externes tels que les médias, l’opinion publique et le législateur apparaît essentielle pour renforcer la transparence et l’équité dans les pratiques salariales des dirigeants.

2. Vers une meilleure transparence en matière de rémunération des dirigeants

La transparence en matière de rémunération des dirigeants est devenue un enjeu majeur face aux critiques sur les excès salariaux. Les stock-options, autrefois privilégiées pour aligner les intérêts des dirigeants sur ceux des actionnaires, montrent des limites, notamment en raison de leur sensibilité aux fluctuations boursières à court terme. Les actions gratuites apparaissent comme une alternative plus efficace en favorisant une vision stratégique à long terme.

Parallèlement, l’intégration de critères de responsabilité sociétale (RSE) dans la rémunération variable des dirigeants vise à encourager des pratiques managériales plus durables. Toutefois, cette évolution soulève des questions sur la pertinence des indicateurs utilisés et sur le risque d’une intégration purement symbolique. La régulation et la pression des parties prenantes, notamment des investisseurs institutionnels et du législateur, jouent un rôle clé dans l’évolution vers un modèle de rémunération plus responsable et transparent. (ESG), les entreprises peuvent encourager des pratiques managériales plus durables et mieux alignées avec les attentes sociétales.
 

Gouvernance des entreprises : dépasser l'approche actionnariale

Les travaux de Mohamed Khenissi apportent un éclairage nouveau sur la gouvernance des entreprises en dépassant l’approche purement actionnariale. Ils mettent en avant la nécessité d’un contrôle élargi des rémunérations des dirigeants en intégrant des mécanismes de régulation plus variés (médias, tribunaux, législation, parties prenantes internes et externes).

Dans le cadre de ses recherches futures, l’auteur propose d’explorer deux axes complémentaires :
 

• L’évaluation de nouveaux outils réglementaires d’encadrement des rémunérations, notamment le ratio d’équité qui compare la rémunération des dirigeants à celle des employés.
   
• Les défis du reporting extra-financier et son rôle dans la fixation des rémunérations, à travers des initiatives comme le "Say on Climate", qui vise à conditionner une partie des rémunérations aux engagements climatiques des entreprises.

Il est désormais habilité à accompagner des doctorants en thèse et en DBA.

Nous lui adressons toutes nos félicitations.